Mr. DAOUDA GUEYE

Dit Pape DAOUDA

Artiste – Photographe

Mr. DAOUDA GUEYE

Dit Pape DAOUDA

Artiste – Photographe

PRÉSENTATION DE L’ARTISTE

Pape Daouda Gueye est né en 1927 à Dakar, la capitale sénégalaise, dans un village lébou traditionnel du nom de Ouakam. Il fait partie de l’une des plus grandes familles fondatrices du village, Jaraaf de naissance (chef suprême de la communauté Léboue, qui a le rôle d’un président de la république).

 

Il fait ses études à l’école française, à 19 ans en 1946-1947, il décide de s’installer en Gambie en tant que traitant (commerçant).

Créatif, il commence à s’intéresser à la photo et achète des revues spécialisées pour s’initier.

De passage à Dakar, il achète son premier appareil et du matériel pour créer son studio. 

 

Début et parcours en Gambie 

 

De retour en Gambie, il fait une brève formation de 3 jours chez un photographe du nom de Abdoulaye Diallo pour se perfectionner et ouvre l’un des premiers studios “Etoile studio” dans la capitale Banjul à l’adresse exacte de DG 80, Lancaster Street et devient très vite le photographe attitré de la petite bourgeoisie, des femmes et d’hommes parés et élégants vivant en Gambie comme de sa famille et de ses amis de Dakar de passage dans la capitale Gambienne.

 

Recruté comme photographe par l’administration pour les documents administratifs tels que les cartes d’identité, il parcourait aussi toute la province gambienne: plus de 50 kilomètres à vélo pour réaliser des photographies dans des villages reculés.

 

Il a aussi immortalisé tous les grands événements marquants de la Gambie fraîchement indépendante: fête nationale, religieuse et événement politique.

Il ne manquait jamais une occasion d’immortaliser l’histoire de par son objectif: il a photographié tous les grands hommes de la Gambie, religieux et politiques comme par exemple Diawara, le premier président de la Gambie indépendante en 1965.

 

Retour et parcours artistique au Sénégal 

 

Après 26 années à Banjul, alité et pensant que c’était très grave, il décide de rentrer à Dakar auprès de sa famille pour se soigner. Mais très vite, 2 à 3 mois plus tard, il se rétablit et fait le choix de rester au Sénégal. Comme commerçant, il poursuit ses activités  mais, rattrapé par sa passion, il ouvre chez lui à Ouakam son studio nommé “Flash studio”.

Ses débuts furent un peu difficiles car, à Dakar, existaient déjà des photographes de renoms tel que Mame Casset ou Jacques à Ouakam qui avaient déjà une clientèle fidèle. 

 

Les premiers à fréquenter son studio sont des N’Gorois, village Lébou voisin de Ouakam, mais, de bouche à oreilles, son studio commence à être fréquenté par les Ouakamois et Ouakamoises. Très vite, son talent et son sérieux font merveille. Il devient le photographe incontournable du village et de ses environs.

Ouakam étant un village carrefour, avec ses camps militaires, il continue aussi à faire des photos d’identités pour les militaires et jeunes fonctionnaires, étudiants et élèves, et des personnalités.

Comme en Gambie, il sera aussi recruté par l’administration militaire pour réaliser des photos d’identités et administratives.

 

Plus tard, des personnes sont revenus le remercier pour sa générosité car il offrait souvent les photos, surtout aux jeunes militaires de diverses nationalités, qui n’avaient pas les moyens.

 

Beaucoup de générations sont passées sous son objectif et son studio est devenu incontournable jusqu’à la fin des années 1990.

 

Parmi les personnalités politiques, il a pu suivre toute la campagne de Mamadou Diop, jeune politique battant campagne et devenu maire de Dakar en 1984.

Il a aussi fixé sur sa pellicule des événements coutumiers et traditionnels, religieux, sur lesquels nous reviendrons sûrement au travers d’autres expositions.

 

Il a formé plusieurs personnes dont ses enfants qui ont d’ailleurs continué à tenir le studio jusqu’en 2015.

 

Un parcours exceptionnel !

 

Mr Daouda Gueye est un grand homme qui, du haut de ses 95 ans, a gardé une mémoire exceptionnelle avec une modernité remarquable. Son esprit est clairvoyant et vif certainement dû à son âme d’artiste et d’entrepreneur, à son parcours exceptionnel et à son éducation. Il fait partie d’une grande famille noble et sa lignée seule aurait pu lui assurer la vie d’un grand notable.

 

Chose remarquable, il a renoncé à devenir Jaraaf malgré tous les attributs liés à son rang pour continuer à mener une vie de labeur. Jusqu’à ses 92 ans passés, toujours actif, il s’est adonné à son autre passion: l’agriculture sur ses terres héritées de ses ancêtres à Ouakam. Malheureusement, du fait de l’urbanisation, Ouakam devenue une grande ville, les champs environnants ont tous disparu au profit des immeubles bétonnés regrette-t-il.

 

Voilà un petit résumé d’une remarquable vie artistique partagée entre le Sénégal et la Gambie qui mériterait d’être racontée à la jeune génération soucieuse de conserver un tel patrimoine culturel commun entre deux pays et surtout pour Ouakam.